Bonjour à tous,
Il a souvent été reproché au SETI cénacle de la Rose-Croix de mettre à disposition de tout un chacun des enseignements que d’aucuns auraient préféré conserver pour une élite digne, à leurs yeux, de les recevoir.
Cette posture n’est pas nouvelle et de tout temps celui qui éclaire et transmet est considéré comme parjure, traître, félon et j’en passe, les synonymes ne manquent pas.
C’est par orgueil, suffisance, croyance en leur supériorité d’élu que certains voudraient cacher la lumière sous le boisseau, transmettre des « vérités » sub rosa tout en confondant les écoles de mystères avec des écoles mystérieuses et secrètes réservées à la « fine fleur » d’une association d’initiés jalouse de ses privilèges ou encore passant, peut-être par manque d’analyse personnelle, à côté de la compréhension de cette phrase extraordinaire de Jésus (Matthieu 7:6) : « ne jetez pas de perles aux pourceaux », phrase si souvent mal employée, qui dit autre chose que ce qu’elle semble dire à première lecture surtout quand elle est réduite à cette simple expression. Mais dont la clarté apparaît avec la totalité du verset concerné et des suivants :
En d’autres mots, la Connaissance est tout entière à portée de mains, d’yeux, d’oreilles ou de cœur pour qui sait voir ou entendre.
Tout ce long préambule pour vous présenter un texte datant des confins du rosicrucianisme moderne que je considère comme un exemple humoristique et satirique dont la Rose-Croix est le centre et la cible.
Cet article nous est livré dans un très ancien papier issu du « Le spectateur, ou Le Socrate moderne, où l’on voit un portrait naïf des mœurs de ce siècle », tome quatrième (1720), qui est lui-même la traduction d’un des tous premiers périodiques anglais qui parut chaque jour de 1711 à 1712, The Spectator. Cet écrit est la traduction du numéro 379 du jeudi 15 mai 1712, dont le thème du Discours XXI est : Scire tuum nihil est, nisi te scire hoc sciat alter : « Votre science n’est rien, si l’on ne sait que vous en avez » ou en d’autres termes, « La Science d’un homme n’est rien, s’il ne la communique à un autre » ou encore comme il est écrit en marge : « La Science doit être communicative, & s’exprimer d’une manière intelligible à tout le monde ».
Dans ce Discours, la phrase suivante sonne comme une observation archétypale du secret :
"Après avoir observé le penchant universel que les Hommes ont à fouiller dans un Secret, & la réputation que plusieurs ont acquise à la faveur des termes obscurs & des phrases embrouillées, dont ils ont enveloppé leurs idées, ils ont résolu, pour se rendre eux-mêmes plus abstrus, d’écrire sans avoir aucune idée."
Je vais laisser l’expression de cette intéressante satire à son auteur si lointain et pourtant aux concepts si actuels.
Bien que la Rose-Croix ne soit pas présentée, déjà en 1712 !, sous un jour très favorable, ce n’en est pas pour autant une condamnation de ce qu’elle est, mais bel et bien de ce que d’autres en font ou cherchent à en faire. Comme je le disais plus haut, cela ne date pas d’hier !
Satire qui nous rappelle aussi, même si cela peut paraître prétentieux, la responsabilité qui nous incombe dans la sauvegarde de l’essence rosicrucienne elle-même.
La conclusion de cet article, comme la morale d’une fable de La Fontaine, démontre la sottise, voire la stupidité, d’un comportement abscons pour ne pas dire sectaire.
Fraternellement,
Guy
N.B. Dans le texte original, "La Rose-Croix" est considéré du genre masculin.
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Les Egyptiens qui employaient des Hiéroglyphes pour exprimer diverses choses, représentaient un Homme, qui bornait sa science et ses découvertes en lui-même, par la figure d’une Lanterne sourde fermée de tous côtés, qui, bien qu’éclairée au-dedans, ne donnait pas la moindre lumière à ceux qui l’environnaient. Pour moi, disposé à communiquer, de temps en temps, au Public tout ce qui pourra venir à ma connaissance, & qui me paraîtra digne de son estime, j’aimerais mieux qu’on me comparât à une Lampe qui se consume & qui brûle pour l’avantage de tous les passants.
Je finirai ce Discours par l’histoire du Tombeau, où La Rose-Croix était inhumé. Il n’y a personne qui ne sache que ce Chimiste avait fondé la Secte des Frères de la Rose-Croix, & que ses Disciples prétendent toujours à de nouvelles découvertes, qu’ils ne doivent jamais communiquer au reste du Genre Humain.
« Une certaine Personne, qui eut occasion de creuser un peu profondément à l’endroit où ce Philosophe était inhumé, y trouva une petite Porte bordée d’une muraille à droite & à gauche. Sa curiosité naturelle & l’espérance de quelque Trésor caché l’obligèrent bientôt à enfoncer la Porte. Surpris tout d’un coup par un éclat de lumière, il découvrit une très-belle Voûte, au fond de laquelle il y avait la Figure d’un Homme armé, assis auprès d’une Table, où il s’appuyait la tête sur le bras gauche. Il tenait un Tronçon de la main droite, & il y avait une Lampe ardente devant lui. Dès que notre Curieux eut mis le pied dans la Voûte, la Statue se leva & se tint debout ; lors qu’il eut fait un autre pas, elle leva la main qui tenait le Tronçon ; & lors qu’il en vint au troisième, elle frappa un terrible coup, qui brisa la Lampe en mille morceaux : de sorte que le curieux fut laissé dans les ténèbres.
« A l’ouïe de cette Aventure, le Peuple de la Campagne se rendit au Tombeau avec des Lanternes ou des Torches allumées, & l’on découvrit que la Statue, faite de bronze, n’était autre chose qu’une Pièce d’Horlogerie ; que le Pavé de Voûte était formé de planches mobiles, & qu’il y avait en-dessous divers Ressorts, qui, dès qu’on marchait sur le Pavé, produisaient naturellement tous les effets qui s’en étaient d’abord ensuivis.
« La Rose-Croix, à ce que rapportent ses Disciples, avait mis cette Invention en usage, pour faire voir au monde qu’il avait retrouvé le secret des Lampes inextinguibles des Anciens, & pour empêcher qu’un autre en profitât. »
Il a souvent été reproché au SETI cénacle de la Rose-Croix de mettre à disposition de tout un chacun des enseignements que d’aucuns auraient préféré conserver pour une élite digne, à leurs yeux, de les recevoir.
Cette posture n’est pas nouvelle et de tout temps celui qui éclaire et transmet est considéré comme parjure, traître, félon et j’en passe, les synonymes ne manquent pas.
C’est par orgueil, suffisance, croyance en leur supériorité d’élu que certains voudraient cacher la lumière sous le boisseau, transmettre des « vérités » sub rosa tout en confondant les écoles de mystères avec des écoles mystérieuses et secrètes réservées à la « fine fleur » d’une association d’initiés jalouse de ses privilèges ou encore passant, peut-être par manque d’analyse personnelle, à côté de la compréhension de cette phrase extraordinaire de Jésus (Matthieu 7:6) : « ne jetez pas de perles aux pourceaux », phrase si souvent mal employée, qui dit autre chose que ce qu’elle semble dire à première lecture surtout quand elle est réduite à cette simple expression. Mais dont la clarté apparaît avec la totalité du verset concerné et des suivants :
- 6. Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous déchirent.
- 7. Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira.
- 8. Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe.
- 9. Lequel de vous donnera une pierre à son fils, s’il lui demande du pain ?
- 10. Ou, s’il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent ?
- 11. Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent.
En d’autres mots, la Connaissance est tout entière à portée de mains, d’yeux, d’oreilles ou de cœur pour qui sait voir ou entendre.
Tout ce long préambule pour vous présenter un texte datant des confins du rosicrucianisme moderne que je considère comme un exemple humoristique et satirique dont la Rose-Croix est le centre et la cible.
Cet article nous est livré dans un très ancien papier issu du « Le spectateur, ou Le Socrate moderne, où l’on voit un portrait naïf des mœurs de ce siècle », tome quatrième (1720), qui est lui-même la traduction d’un des tous premiers périodiques anglais qui parut chaque jour de 1711 à 1712, The Spectator. Cet écrit est la traduction du numéro 379 du jeudi 15 mai 1712, dont le thème du Discours XXI est : Scire tuum nihil est, nisi te scire hoc sciat alter : « Votre science n’est rien, si l’on ne sait que vous en avez » ou en d’autres termes, « La Science d’un homme n’est rien, s’il ne la communique à un autre » ou encore comme il est écrit en marge : « La Science doit être communicative, & s’exprimer d’une manière intelligible à tout le monde ».
Dans ce Discours, la phrase suivante sonne comme une observation archétypale du secret :
Je vais laisser l’expression de cette intéressante satire à son auteur si lointain et pourtant aux concepts si actuels.
Bien que la Rose-Croix ne soit pas présentée, déjà en 1712 !, sous un jour très favorable, ce n’en est pas pour autant une condamnation de ce qu’elle est, mais bel et bien de ce que d’autres en font ou cherchent à en faire. Comme je le disais plus haut, cela ne date pas d’hier !
Satire qui nous rappelle aussi, même si cela peut paraître prétentieux, la responsabilité qui nous incombe dans la sauvegarde de l’essence rosicrucienne elle-même.
La conclusion de cet article, comme la morale d’une fable de La Fontaine, démontre la sottise, voire la stupidité, d’un comportement abscons pour ne pas dire sectaire.
Fraternellement,
Guy
N.B. Dans le texte original, "La Rose-Croix" est considéré du genre masculin.
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Les Egyptiens qui employaient des Hiéroglyphes pour exprimer diverses choses, représentaient un Homme, qui bornait sa science et ses découvertes en lui-même, par la figure d’une Lanterne sourde fermée de tous côtés, qui, bien qu’éclairée au-dedans, ne donnait pas la moindre lumière à ceux qui l’environnaient. Pour moi, disposé à communiquer, de temps en temps, au Public tout ce qui pourra venir à ma connaissance, & qui me paraîtra digne de son estime, j’aimerais mieux qu’on me comparât à une Lampe qui se consume & qui brûle pour l’avantage de tous les passants.
Je finirai ce Discours par l’histoire du Tombeau, où La Rose-Croix était inhumé. Il n’y a personne qui ne sache que ce Chimiste avait fondé la Secte des Frères de la Rose-Croix, & que ses Disciples prétendent toujours à de nouvelles découvertes, qu’ils ne doivent jamais communiquer au reste du Genre Humain.
« Une certaine Personne, qui eut occasion de creuser un peu profondément à l’endroit où ce Philosophe était inhumé, y trouva une petite Porte bordée d’une muraille à droite & à gauche. Sa curiosité naturelle & l’espérance de quelque Trésor caché l’obligèrent bientôt à enfoncer la Porte. Surpris tout d’un coup par un éclat de lumière, il découvrit une très-belle Voûte, au fond de laquelle il y avait la Figure d’un Homme armé, assis auprès d’une Table, où il s’appuyait la tête sur le bras gauche. Il tenait un Tronçon de la main droite, & il y avait une Lampe ardente devant lui. Dès que notre Curieux eut mis le pied dans la Voûte, la Statue se leva & se tint debout ; lors qu’il eut fait un autre pas, elle leva la main qui tenait le Tronçon ; & lors qu’il en vint au troisième, elle frappa un terrible coup, qui brisa la Lampe en mille morceaux : de sorte que le curieux fut laissé dans les ténèbres.
« A l’ouïe de cette Aventure, le Peuple de la Campagne se rendit au Tombeau avec des Lanternes ou des Torches allumées, & l’on découvrit que la Statue, faite de bronze, n’était autre chose qu’une Pièce d’Horlogerie ; que le Pavé de Voûte était formé de planches mobiles, & qu’il y avait en-dessous divers Ressorts, qui, dès qu’on marchait sur le Pavé, produisaient naturellement tous les effets qui s’en étaient d’abord ensuivis.
« La Rose-Croix, à ce que rapportent ses Disciples, avait mis cette Invention en usage, pour faire voir au monde qu’il avait retrouvé le secret des Lampes inextinguibles des Anciens, & pour empêcher qu’un autre en profitât. »