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HS Lewis:Atteindre les sommets - par: Alnitak

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Bonjour à tous,

Après la remise en ordre de notre site dans sa belle prestance d’antan, je vous propose de renouer notre contact en vous livrant un bel article de Harvey S. Lewis publié dans le Rosicrucian Digest de février 1932.
Un texte qui, comme souvent avec Lewis, recoure à l'allégorie et dont le titre se veut une promesse : Atteindre les sommets.

Bonne lecture et bonne réflexion,
Fraternellement,
Guy

___________________________________________

Il n’y a pas très longtemps, un entrepreneur démarra la construction d’une maison dans la banlieue de cette ville, et je m’intéressais de près au soin apporté à l’établissement de ses fondations. Il m’apparut qu’une élégante et coquette demeure allait s’élever sur les murs de béton qu’il avait conçus et construits avec tant de rigueur.

Peu de temps après je rencontrais l’entrepreneur lors d’un déjeuner et lui demandais où il en était de sa construction en cours, et qu’elle ne fut pas ma stupéfaction de m’entendre répondre qu’il venait juste d’en achever la toiture.
« Comment se fait-il, demandai-je, que vous en soyez arrivé si rapidement à poser la couverture ? 
– Et oui, me répondit-il, vous savez, quand certaines personnes font construire, elles prévoient un toit qui soit à peu de hauteur du sol et qui ne nécessite ni beaucoup de temps ni beaucoup d’efforts pour être érigé par-dessus les fondations. »

Je ne pus m’empêcher de méditer sur cette déclaration plutôt philosophique tant elle donnait matière à de fructueuses réflexions. Sans le moindre doute, l’une des raisons qui fait que tant de personnes dans notre monde, aujourd’hui, n’ont pas atteint une position sociale plus élevée ou plus enviable dans leur vie, c’est qu’elles se sont trop volontiers attachées à construire un toit. Dans tous leurs projets, dans toutes leurs ambitions, désir et perspectives, elles ont visualisé un toit qui soit très proche des soubassements, et après que leur construction fut achevée et le toit en place, elle s’avéra modeste, humble, dérisoire et probablement indigne de représenter leurs réelles potentialités dans la vie.

Bien sûr, certains rêvent de constructions chimériques, trop ambitieuses ou trop opulentes et coiffent la construction qu’ils ont imaginée d’un toit qui s’élève à des hauteurs extravagantes, mais il est bien rare que ceux qui agissent de la sorte ne finissent pas par atteindre d’honorables hauteurs dans leur volonté de bâtir ce toit. Ils peuvent peut-être échouer dans leurs projets, mais dans les efforts qu’ils déploient pour les mener à bien, ils atteignent souvent à des horizons bien plus lointains que ceux qui se montrent ultraconservateurs et timorés. De ces deux catégories d’individus, ceux qui font preuve d’une prudence extrême, font montre de pessimisme et se révèlent rongés de doutes, sceptiques, circonspects et pusillanimes sont les grands perdants du jeu de la vie. Ils entreprennent tout avec des limitations qu’ils s’imposent à eux-mêmes, et n’arrivent qu’exceptionnellement à les surpasser. Ceux qui au contraire se montrent trop ambitieux et semblent vouloir attraper la lune, qui pensent qu’ils n’ont pas d’autres limites que celle que leur imposent les nuées et que rien n’est au-delà de leurs possibilités, sont plus aptes à rencontrer le succès et à finir par parachever quelque chose de prestigieux que ceux qui se réfrènent dans leurs élans.

J’ai entendu en Amérique des économistes et des financiers réputés déclarer que la voie la plus sûre pour un couple fraîchement marié ou pour de jeunes célibataires de pouvoir acquérir des biens matériels en grand nombre ou de connaître une réelle prospérité économique, est de s’endetter et de contracter de lourds crédits et emprunts puis d’être dans l’obligation de les honorer. Ils assurent que plus de maisons ont été acquises pas de jeunes couples qui se sont mis dans l’obligation de rembourser de lourdes sommes empruntées pour l’achat d’une belle habitation, que par ceux qui ont essayé d’économiser pour en acheter une dès qu’ils auraient accumulé les fonds nécessaires à son acquisition. Peu importe jusqu’à quel point cela peut être vrai, ce que je sais avec certitude, c’est que l’homme ou la femme qui conçoit et planifie quelque dessein élevé ou quelque carrière ambitieuse et se propose de s’en servir pour faire le bien, est celui ou celle qui parvient à ses fins.

Plus grande sera l’ambition et plus vifs seront l’enthousiasme et le désir de faire le bien. Plus noble et généreuse sera l’intention, plus il faudra montrer de détermination pour la satisfaire. Les obstacles ordinaires qui démoralisent et découragent l’individu qui s’attache à de piteux objectifs sont balayés d’un revers de main par celui qui travaille à quelque grande mission ou quelque sublime idéal.

Pour en revenir à notre exemple de la construction d’une maison, nous constatons que l’homme qui se prépare à construire un bungalow de seulement quatre pièces, d’une surface de quinze mètres carrés, et le bâtit rapidement en engageant un minimum de frais et n’y consacrant qu’un minimum de temps, se révélera fort découragé dans son entreprise s’il se met à pleuvoir le jour où il doit en creuser les fondations et que les intempéries perdurent durant plusieurs jours jusqu’à détremper le sol. Pour peu qu’aux giboulées succèdent quelques jours de neige et de frimas, puis un temps froid et nuageux, il finira pas sûrement abandonner le projet de construire sa maison. Et si pour finir il rencontre la moindre difficulté à se procurer les matériaux ad hoc où tout ou partie du capital nécessaire à son affaire, il baissera alors probablement définitivement les bras et abandonnera pour toujours son projet.

Une telle personne qui s’attelle à un projet modeste et médiocre s’attend à en venir rapidement à bout. Tous contretemps imprévus qui en retardent le terme de plusieurs semaines ou de plusieurs mois sont autant d’obstacles qui l’empêchent irrémédiablement de parvenir à ses fins. L’homme qui de son côté s’investit dans une construction dont il sait qu’elle prendra des années pour être achevée et qu’il lui faudra affronter pour y parvenir les conditions climatiques les plus diverses et des vicissitudes tout aussi variées, considérera comme négligeables ces déboires qui le contraignent à différer la fin de son labeur de quelques semaines ou de quelques mois, en comparaison du temps qu’il sait devoir passer pour espérer voir un jour ses espoirs comblés ; du coup, ces déconvenues ne sauraient l’atteindre vraiment sérieusement.

Je me souviens parfaitement des plans pour notre organisation quand il devint évident que j’aurais à mettre au point l’essentiel des détails concernant l’essor des activités rosicruciennes en Amérique pour un nouveau cycle d’activité sous ma direction. J’aurais pu me focaliser sur les possibles contretemps, les déceptions inévitables et les potentiels ennuis personnels auxquels je serai confronté. Sur cette base, j’aurai pu légitimement faire en sorte de mettre en place une organisation reposant sur de solides assises mais avec un toit pas trop haut par rapport à ses soubassements. Mais plutôt que d’agir de la sorte, je laissais ma création mentale s’élever dans l’azur jusqu’à des hauteurs vertigineuses et je déposais le toit sur ma construction, si haut, que depuis l’endroit où je me visualisais dans ma représentation mentale, je ne pouvais pas distinguer où il se situait ni à quoi il ressemblait. En fait, je n’ai jamais su avec certitude s’il y avait un toit au-dessus de l’édifice ni s’il en fallait vraiment un, car il m’avait semblé que la seule chose à laquelle il fallait attacher de l’importance était l’établissement de fondations si fermes et des murs si robustes qu’on pourrait ajouter étage après étage au bâtiment qui s’élèverait sans fin sans craindre de s’effondrer ni de se fragiliser.

Ce projet paraissait insensé, et de nombreuses et pressantes mises en garde me furent signifiées : que j’entreprenais une tache démesurée, une construction cyclopéenne pour laquelle une vie ne saurait suffire et que ne pourrait parachever un groupe d’individus à l’effectif trop modeste. On pointa du doigt toutes les difficultés possibles et imaginables. Les mois et les années passèrent, la plupart de ces infortunes se firent effectivement jour sous la forme et au moment prévus. Toutes les interférences annoncées et des centaines d’autres que n’aurait même pas soupçonnées le bâtisseur le plus avisé se produisirent. Mais comme l'entreprise en question était titanesque, la tâche des plus enthousiasmantes et la structure des plus extraordinaires par les dimensions qu’elle atteignait, les obstacles, les difficultés, les problèmes et les complications furent tenus pour de simples impondérables et ne nous atteignirent pas dans nos efforts.

Ce que l’organisation est aujourd’hui est le résultat de ces grands plans. Ces derniers se réaliseront-ils de mon vivant ? voilà qui n’a aucune importance. L’étendue de la tâche m’a entraîné dans son écrasante et pesante amplitude. Je ne fais plus qu’un pour toujours avec cette structure et n’ai pas plus peur de ce qui m’attend au bout de ma mission que je n’ai eu peur de voir s’effondrer nos fondations si minutieusement et si patiemment aménagées.

Certes, nous n’avons pas atteint le toit et il n’est pas dans nos intentions de l’atteindre rapidement. Il est encore si éloigné de nous que nous ne pouvons pour l’instant que penser au travail à accomplir à chaque nouvel étage de chaque nouvelle section érigées dans le cadre de notre mission.

Quelle différence avec les plans étriqués, conformistes de ceux qui balancent et tremblent d’échafauder des projets un tant soit peu ambitieux ! Ce n’est qu’à travers la largeur de nos vues, l’incommensurable hauteur de nos ambitions et la sublimité de nos idéaux que nous nous élevons et nous nous arrachons à la médiocrité. L’organisation rosicrucienne en Amérique fut conçue pour être dans le présent cycle ce qu’elle a été dans chacun des cycles précédents dans ce pays et en d’autres contrées ; en un mot, une structure exceptionnelle, sans équivalent, grandiose par les sommets illimités de réalisation qu’elle a atteints. Elle ne doit pas seulement se frayer une route pour échapper aux influences des contingences matérielles mais tandis qu’elle s’élève dans le glorieux firmament, elle doit percer la couverture nuageuse qui s’amoncelle au-dessus de la Terre et obscurcit fréquemment les cieux qui sont derrière. Cela signifie labeur et sacrifice, une foi inébranlable aussi bien qu’une détermination à toute épreuve pour porter le joug de la croix jusqu’à ce que le sommet soit atteint où elle sera dressée au pinacle.

Vous, les milliers de membres et de lecteurs qui avez exprimé votre joie et votre fierté d’être associés à un travail de ce genre, je vous invite à édifier vos projets dans votre propre vie avec la plus grande largeur de vue et avec pour véritable domaine d’exercice les cimes illimitées de la création, et dans cette voie vous trouverez la joie d’échapper à la médiocrité et la platitude pour atteindre l’inaccessible et l’exceptionnel.

Ne soyez jamais pressé de terminer le faîte de votre construction au risque de le concevoir trop près de la terre.

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